Notre spécialité c’est le bug informatique mais pour une fois, notre attention s’est portée sur une sorte de bug linguistique.
Ces dernières semaines, l’actualité géopolitique a été riche et elle s’est aussi enrichie du mot « proxy ».
Pour désigner un groupe armé agissant pour le compte d’un donneur d’ordres, les journalistes utilisent désormais le mot « proxy ». Oui, vous avez bien lu.
Certains journalistes l’emploient avec une certaine gêne et d’autres parfois avec un léger sourire car on a le sentiment qu'il ne fait pas l’unanimité. Mais peu importe, c’est le terme à la mode diront certains, il faut l’approuver sans se poser de questions.
Ce n’est pas parce qu’un politologue en a fait sa promotion que les journalistes doivent se sentir obligés de le relayer.
Mais au fait, c’est quoi un proxy ?
Pour le grand public, le mot « proxy » se limite souvent qu’aux problèmes de connexion à internet et il ne se soucie guère d’en savoir davantage.
Pour simplifier, un proxy est un programme informatique qui joue le rôle d’intermédiaire entre deux ordinateurs. Comme le flux de données transite par le proxy, son rôle n’est pas anodin, il est même stratégique car c’est l’un des rouages des réseaux informatiques. Un proxy peut être paramétré pour filtrer, sécuriser, espionner ou modifier intentionnellement le flux de données, il peut même participer à l’anonymisation d’un internaute, c’est-à-dire empêcher qu’on ne le retrouve par son adresse IP.
Maintenant que vous avez une notion plus précise du rôle d’un proxy dans la « sphère informatique », pensez-vous qu’il soit pertinent de l’employer dans celle de la géopolitique ?
La langue française est réputée pour sa précision mais le mot « proxy » à notre humble avis, s’il apporte une notion précise dérivée du monde informatique, il neutralise l’expression « groupe armé… » ou « mercenaires » si vous préférez.
Avec ce genre d’interprétation, on pourrait très bien employer le terme « société-proxy » au lieu de « société-offshore ou société-écran » pour parler d’évasion fiscale.
Ou encore, verra-t-on un jour, un reportage sur le démantèlement d’un réseau de proxy au bois de Boulogne ? Désolé pour le cliché, sachant que maintenant la prostitution prospère sur le web alors pourquoi ne pas utiliser le mot « proxynétisme », contractation de proxy et proxénétisme. Oui, nous aussi on peut lancer une mode.
Mais n’allons pas trop vite car parions que certains feront de la surenchère et diront que le mot « proxy » est désuet et qu’il faut maintenant parler de « VPN ».
Mais au fait, c’est quoi un VPN ?
Vous devriez le savoir, car c’est vraiment lui qui est à la mode…
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